samedi 7 juillet 2012

Episode XXVII : île d’Olkhon – Sibérie – Russie



LES MALOUINES SIBERIENNES


« Bienvenus dans mon pays »


C’est avec ces paroles dans notre mémoire que nous arrivons en Russie. Quand en janvier, le mois le plus difficile pour les démarches administratives, nous parcourrions les ambassades de Buenos Aires pour obtenir les visas correspondants aux pays que nous visiterions, l’Ambassade Russe fut la seule qui nous dit : « Si vous êtes argentins, il ne me reste qu’à vous dire : Bienvenus dans mon pays ».
Ce fut une joie d’entendre que l’Argentine n’avait pas besoin de visa pour entrer en Russie et que les Russes aient été les premiers à nous donner des paroles d’encouragement.
C’est dans cet état d’esprit que nous attendons de marcher sur le sol Sibérien,  une terre qui attire beaucoup de personnes, et parmi elles, Diego et moi, comme un endroit unique.


En prenant l’avion à Katmandou, il nous vient en tête, en parlant des visas, que pour une raison de la vie, à nous deux l’ambassade de Chine nous avait octroyé un double visa, alors qu’à Gaby et Maga, seulement un… Nous nous sommes rendu compte, qu’il allait être difficile pour elles de retourner en Chine, pays dans lequel nous avions deux escales supplémentaires après le Népal. Peut-être que tout était d’une certaine façon déjà orienté pour nous prévenir que là-bas nous allions nous séparer, en Chine.

Une nouvelle fois, depuis Katmandou, nous nous sommes arrêtés à Chengdu, cette ville qui nous avait laissé d’étranges souvenirs, et depuis là nous avons commencé notre voyage vers Beijing.
Dans l’aéroport, j’ai dit à Diego : c’est étrange qu’en voyageant tellement, nous n’ayons jamais rencontré personne avec qui communiquer amicalement dans une autre langue, j’ai toujours aimé ça ! Ce serait génial.
Demande à l’univers et tu seras exaucé.
En montant dans l’avion, nous nous retrouvons assis près d’une fille de notre âge, bien blonde et blanche, habillée dans le style hippie, et de laquelle nous savions qu’elle était américaine pour avoir vu son passeport dans le vol précédent.

Nous avons commencé à parler, parce que quelque chose nous unissait : le dégoût que nous éprouvions à entendre les chinois cracher dans l’avion.
Nous avons commencé à parler de l’apparence que nous reflétait la Chine et, malgré que j’avais beaucoup de peine à comprendre son anglais, nous avons entrepris une longue conversation sur la réalité de la Chine.
Elle nous a dit qu’aucun de ses amis n’avait voulu l’accompagner et qu’elle était venue seule pour voyager en Inde et au Népal. Elle a conclu : ce ne sont pas des lieux où voyager seule… il faut être très forte et ça m’a coûté.
Elle était en Chine principalement pour affaires. Sa famille était du nord de San Francisco, Californie, d’une vallée appelée Napa Valley, et ils avaient des vignobles. Jamee, nous a demandé ce que nous faisions et nous avons passé des heures de vol à lui parler de la conscience de la planète, religion, culture, croyances, évolution… la pauvre Jamee n’avait jamais rien entendu, à part en Inde où elle avait appris quelques chakras, mais rien de plus. En lui expliquant en anglais, ce qui a été assez compliqué, elle a fini par nous dire que pour une raison ou l’autre tout ce que nous lui disions résonnait en elle et faisait sens, même si elle ne savait pas bien pourquoi.


Je lui ai dit que nous allions nos rendre en Californie, au Mont Shasta, et elle nous a dit qu’elle y était allé, qu’il fallait près de 7 heures de voiture depuis de San Francisco… elle a réfléchi un instant et elle nous a dit quelque chose qui nous a surpris : « je suis pilote de petits avions et mon club en  possède qui sont à disposition. Il faut payer quelques dollars de l’heure, mais si vous ne savez pas comment arriver à Shasta, je serais enchantée de vous emmener en avion et d’y aller avec vous. »
Génial, nous avons échangé nos mails pour nous maintenir en contact jusqu’à notre arrivée en Californie.
Enfin, nous nous sommes fait une amie comme nous l’avions demandé quelques heures avant. Nous nous sommes quittés en nous embrassant à l’aéroport de Beijing, et nous avons fait, de nouveau seuls, le check in vers Irkoutsk.


Rémanences de l’URSS

En arrivant très tôt le matin après 4 heures de vol, nous avons pu observer cette ville sibérienne, froide, grise, et un peu abandonnée dans son apparence.
Peut-être que c’est l’apparence normale des villages sibériens, mais avec Diego nous avons l’impression qu’on continue de sentir une présence de l’essence soviétique, même si le capitalisme lui a donné une nouvelle couleur.
Beaucoup de maisons, comme l’aéroport, paraissent abandonnées et dans la majorité des endroits nous nous sentons comme dans un film de la guerre froide.
Elena, notre guide qui parle espagnol nous attendait.
Ce jour-même, nous allons au village de Lisvianka,  40 minutes de Irkoutsk, au bord du lac Baïkal. Nous ne savons pas très bien ce qui nous attire dans cet endroit, mais nous savons que c’est le lac, et nous voulons le voir pour nous aligner avec lui.
Pratiquement sans dormir, nous allons jusqu’à une montagne enneigée et gelée où des télésièges pas rassurants nous mènent jusqu’au sommet, de là on peut voir le lac et la rivière.

En arrivant, nous avons pu le voir, imposant, blanc et gelé… le lac Baïkal était encore couvert de glace, malgré que le printemps ait commencé. Le seul à ne plus s’habiller de glace, c’est la rivière Angara. Elena nous dit que la légende raconte que le Baïkal est un dieu, un ancêtre, qui a 336 fils qui sont les rivières qui coulent vers lui, mais il n’a qu’une fille. Cette fille, un jour, tomba amoureuse d’une autre rivière et elle décida de fuir avec lui. C’est pour ça qu’Angara est la seule rivière qui sort du Baïkal au lieu d’y entrer. Baïkal se mit en colère et il lança une pierre pour se séparer de sa fille. On peut toujours voir cette pierre entre la rivière et le lac.
 

Néanmoins, ce sont des histoires russes que, comme nous le dit Elena, beaucoup de guides racontent aux touristes qui ne désirent pas approfondir l’histoire de la région. Ce qui signifie que les contes russes, souvent, n’ont pas un grand rapport avec les récits bouriates.
Les Bouriates sont le peuple du nord de la Mongolie qui s’étend sur toute la Sibérie et qui a tenu le Baïkal comme centre de son territoire.

Dans notre agenda, après le tour de l’île de Olkhon, nous pensons voir un chaman, bien que nous ne sachions ni comment ni qui. Les chamans sont des personnages connus de la région où les chamans ont toujours existé, mais quand les cosaques russes arrivèrent et conquirent la Sibérie, ils imposèrent la religion orthodoxe. Les berges de la rivière abritent donc les traditions chamaniques, orthodoxes, hindouistes et bouddhistes, bien qu’aujourd’hui le gouvernement n’en respecte aucune.
Démêler une partie de cette histoire était un des objectifs que nous avions en rencontrant un Chaman, bien que lors de notre réunion on espérait en découvrir beaucoup plus.


Transformant nos Guides

Depuis le commencement de notre voyage, nous avons rendu fous nos guides touristiques.
Quand quelqu’un planifie un voyage comme le nôtre, il passe probablement des années à en concevoir l’itinéraire, mais nous non, nous n’avons pris que deux mois pour tout : organisation, décisions, diffusion, présenter des projets, obtenir les visas, transactions, banques, légalisations, avocats, agences de voyages, collecter des fonds, acheter des équipements et, bien entendu, nous n’avions pas le temps de prendre tout ça comme un voyage d’investigation, parce que nous allions passer seulement 4 jours dans chaque lieu, et parfois moins…

C’est pourquoi Jordi s’est chargé d’organiser notre voyage de la manière la plus confortable et fluide pour nous sans que nous n’ayons à perdre du temps à chercher quoi que ce soit… mais aucun de nos guides ne semblait avoir reçu quelqu’un qui ne venait pas faire du tourisme auparavant.

Notre plus grand défi a été Félix, à Xian, comme vous l’aurez vu, mais nous en avons eu d’autres avec lesquels nous avons pu partager pas mal, comme avec Manoj, et maintenant Elena, qui, bien qu’elle soit peureuse, s’est motivée à écouter et partager les choses que nous sommes en train de faire.
Nous avons parlé avec elle de notre projet et lui avons dit que nous avons été intéressés par quelque chose de Baïkal. Nous avons trouvé sur internet un article sur des cercles gigantesques en plein milieu de l’eau dans la partie sud du lac qui se sont formés quand la glace a fondu étrangement en plein hiver. Elle nous a dit se souvenir de ça, que les gens ont vu et en ont parlé. Ils disent que ce sont les lumières qui se voient toujours sur le lac, elle ne les a jamais vues, mais de nombreuses personnes racontent qu’elles s’introduisent dans les bois et survolent le Baïkal.  Des soucoupes volantes, dit-elle, beaucoup en voient par ici.
Mais elle avait peur de parler… La pauvre, parce que Diego a fini par lui parler même d’exorcismes. Elle nous a raconté qu’une amie avait senti quelque chose flotter dans sa maison, mais que quand elle s’est achetée un chat, tout est rentré dans l’ordre.

Ce qui est intéressant dans ces histoires, c’est de nous apercevoir que tout le monde a quelque chose à raconter,  a une histoire de cette nature à partager et que souvent on cache longtemps par peur.
Nous l’avons invitée à méditer avec nous. « Je n’ai jamais médité » dit-elle.  Nous lui avons appris comment on méditait : SIMPLEMENT EN LE FAISANT. Elle est orthodoxe et nous lui avons dit que méditer c’est comme prier, mais vers l’intérieur et non vers un Dieu. Elle partageait cette vision avec nous et elle s’est assise parmi les arbres dans la forêt.
Malgré le froid, nous avons eu chaud et le son produit par le bol, une acquisition faite au Népal pour pouvoir méditer avec les sons comme ils nous le demandaient souvent, nous a permis de nous appuyer sur lui pour nous syntoniser avec la région.
Bientôt nous avons senti une connexion très forte avec la terre et nous sommes rentrés les trois, contents, en parlant de ces sujets et elle préoccupée de comment elle allait dormir cette nuit. C’était drôle quand nous nous sommes arrêtés dans un magasin et qu’elle a acheté ! Trois boîtes énormes de thé relaxant !


A la fin ce ne fut pas Maradona


Dans l’après-midi, nous avons décidé de nous promener dans Irkoutsk. En Chine, on m’avait cassé ma valise et je devais en acheter une autre, ainsi qu’à Diego des chaussures neuves, puisqu’il y avait des années qu’il avait les mêmes et que la glace l’avait obligé à les jeter.
Les rues et les panneaux en russe donnaient une sorte de décor de vieux film. Les bus cassés, le tram en tôle, les voitures avec le volant à droite ou à gauche, et les gens qui étaient très ou pas du tout habillés contre le froid, mais personne ne portait de gants malgré le froid, ce qui fit que nous n’avons pas réussi à trouver des gants nulle part.

En revenant à l’hôtel, nous avons  trouvé une énorme statue de Lénine. Ca nous a étonné… Lénine saluant en face de la rue Karl Marx, devant une pub de Coca Cola, une boutique dernier cri et un shopping de fast-food au premier étage.
La Russie avait changé.
En marchant dans cette même rue, nous avons croisé un groupe de jeunes, de pas plus de 17 ans, qui, en nous entendant parler une langue que probablement ils n’entendent jamais là-bas, se sont approchés pour nous parler.
Quand nous avons dit : nous sommes d’Argentine, nous nous sommes attendus à ce qu’ils nous disent : OH MARADONA !!!!, mais non… Enfin, ce refrain que nous avions entendu dans chaque rue, chaque aéroport et magasin depuis l’Afrique du Sud (à part ce taxiste qui avait nommé Cristina Kirchner), avait changé dans nos oreilles quand nous avons entendu : OH ! ERNESTO GUEVARA !!!!

Notre visage a changé. Malgré que je ne sois ni révolutionnaire, ni communiste, ni rien qui s’en approche, je me suis senti soulagé et heureux en entendant ce nom. J’ai même osé dire … « …et Maradona… » Pour voir la réaction… qui a été « ???Shtò ??? ( !!!Quoi ??? En russe) une nouvelle fois le soulagement est venu.
L’émotion qu’ils ont éprouvé à nous parler a été si grande pour eux qu’ils nous ont même demandé de se faire photographier avec nous devant… Lénine ? Je ne m’en souviens plus. La seule chose que j’ai regrettée et de ne pas leur avoir demander de se faire une photo avec notre appareil aussi… mais nous étions trop abasourdis.

Le Chemin vers Olkhon

Olkhon est l’île sacrée de Baïkal, la seule grande île que possède ce lac. C’est là que se dirigeaient normalement les chamans bouriates pour réaliser leurs cérémonies. Dans l’île, il y a un esprit de pureté incroyable et c’est le territoire où se trouve Burjan, le rocher du Vieux Baïkal.
Pour un motif ou l’autre, nous sentions que nous devions aller là-bas.

Nous commençons à faire le  lien que nous nous retrouvons avec le même schéma, qui nous unit au processus de la Mère Gestatrice, que celui auquel nous nous sommes confrontés en Chine, en découvrant que les antipodes de ce territoire étaient ceux de notre pays et nous ne nous étions pas rendu compte que les pieds de ces antipodes nous les partageons avec le point vers lequel nous nous dirigeons maintenant. Le milieu du Baïkal, pratiquement tout le Lac, est l’antipode de la Terre de Feu et Rio Grande, les provinces les plus australes du monde, du Chili et de l’Argentine. Le territoire Sibérien dans lequel nous sommes est l’antipode du sud du Chili et de l’Argentine, depuis Comodoro Rivadavia à Santa Cruz jusqu’à Ushuaia et le Cap Horn. Et dans la frontière entre la Chine, la Mongolie et la Russie : les Iles Malouines.


Nous étions arrivés à penser que notre travail avait un rapport avec ces terres à l’autre bout du monde, mais nous avions cru que c’était trop nationaliste de notre part, quand en réalité nos étions en train de faire un voyage pour le monde et sa conscience.
Nous sommes montés dans le bus qui est passé nous prendre à l’hôtel, un bus qui plus qu’à un bus ressemble à une grande boîte avec des roues, plein de russes.
Le bus est petit et nous avons 5 heures de voyage jusqu’au port où un bateau viendra nous chercher pour atteindre l’île.
Le bus a d’horribles dentelles marrons, sent la transpiration et le plafond est comme le couvercle d’une boîte depuis l’intérieur. Nous avons prié pour ne pas finir nos vies de cette façon, parce que les routes sont un désastre très amusant, dans lesquelles nous avons sauté à chaque instant ou croisé des morceaux de roches ou du gravier partout.
Avec Diego nous nous sommes rappelés de cette fois à Salta quand la voiture s’est retournée dans le désert…

Nous sommes huit personnes entassées derrière et deux en face. Nous regardons fixement ceux qui s’asseyent devant, ce qui paraissait dans un premier temps inconfortable. Avec Diego nous travaillons les textes du blog et parlons de notre situation et de ce qui nous attire à Olkhon, jusqu’à ce que soudain, en une simple question, tout ce qui avait été pensé a commencé étonnamment à prendre un sens.


Le Monsieur qui est devant moi, avec un sourire, demande :
« Where are you from ? »  Mais son intonation n’est pas une quelconque intonation… C’est la meilleure intonation avec laquelle demander une tasse de thé : lui c’est Neil Simpson, de Bath, dans le Sud de l’Angleterre. Nous avons parlé sans arrêt pendant les 5 heures de voyage, en pratiquant enfin cet accent d’anglais qui me plaît tellement et avec lequel j’ai toujours essayé d’apprendre l’anglais à Diego.
De façon incroyable, Neil non plus ne sait pas pourquoi il est venu à Baïkal, il se laisse porter. Il a pris une année sabbatique et il voyage de par le monde. Olkhon l’avait profondément appelé et il ne sait pas pourquoi.



Ce qui avait commencé par être un simple pédiatre en Angleterre, a terminé par devenir un voyageur à la recherche de lui-même, qui incroyablement est en train d’apprendre à méditer et qui !!! INCROYABLEMENT a déjà préparé tout son voyage pour réaliser au mois de juin tout le Chemin de Compostelle.
Chaque fois que nous parlons, chaque fois davantage nos projets et nos chemins s’interconnectent.
Pour une raison ou l’autre nous nous étions rencontrés dans un bus dans lequel… mais maintenant que j’y pense, nous avons tous les jours un chauffeur privé. Pourquoi nous avait-on envoyé dans ce bus ?


La Bienvenue

En allant vers le port, quelque chose d’étonnant nous a escorté longtemps, peut-être était-il en train de forger ou de célébrer une union, la nôtre, en nous donnant la bienvenue dans la région et en nous disant que nous étions déjà unis pour ce que nous étions venus faire. Un énorme arc-en-ciel circulaire entourait le soleil comme une auréole énorme. Un étrange nuage s’est approché du soleil créant une espèce de visage qui s’est coloré des sept couleurs. Durant presqu’une demi-heure, nous avons pu voir ces couleurs dans le ciel et avec un sourire nous nous sommes unis dans le voyage couronnés par les chakras qui s’ouvraient depuis le soleil.

VIDEO ETRANGES NUAGES
        

Quand nous sommes arrivés au port, nous avons fait face à la situation la plus étrange et impressionnante de tout le voyage : le quai était congelé et la glace arrivait jusqu’à près de 300 mètres à l’intérieur du lac depuis le petit port. Ce qui fut étrange, c’est quand de façon naturelle les gens ont commencé à descendre et à tirer leurs valises et leurs sacs sur la glace en marchant vers l’intérieur du Lac. Nous sommes restés tous les trois perplexes, n’arrivant pas à y croire, et comme personne ne nous a adressé la parole, nous avons dû interpréter de les suivre.
Nous sommes descendus sur la glissante et parfois crissante glace du Baïkal et avons marché en direction de l’eau.
Là nous nous sommes arrêtés, au bord, dans l’attente d’un bateau, qui ressemblait plus à une boîte à conserves rouillée flottante, et qui s’est incrusté dans la glace face à nous. Nous avons monté les valises et, avec la peur de tomber en glissant dans l’eau gelée, nous sommes montés en sautant par la pointe du bateau.

Nous étions fascinés et, avec Diego, contents d’être accompagnés en quelque sorte par un personnage que nous apprécions beaucoup : Neil avait quelque chose en lui qui nous rappelait Mr. Bean.

Sa manière de parler, de marcher, en se filmant lui-même et en prenant des photos de chaque chose qui croisait son chemin, tout ça nous rappelait le film du Voyage de Mr. Bean.
Sans pouvoir nous arrêter de rire et d’être surpris par la situation que nous étions en train de vivre, nous sommes arrivés de l’autre côté, sur l’île d’ Olkhon, avec encore plus de surprises… Là, nous avons dû descendre et marcher sur de gigantesques morceaux de glace qui étaient séparés et qui tanguaient dans l’eau. D’un pas ferme et rapide, nous avons suivi la file de personnes et de valises sur encore 300 mètres de glace, jusqu’à arriver sur la terre ferme.



L’île d’ Olkhon

Une autre heure de bus nous attendait avant d’arriver à Huzhir, le village où nous allions demeurer. Olkhon, en langue bouriate, signifie « terre de peu d’arbres » et c’est caractéristique de l’île. De vastes collines sèches décoraient un paysage de toundra jusqu’à notre logement.
Il y a très peu de villages sur l’île et Huzhir est le plus grand. Là-bas, il y avait des auberges pour les voyageurs qui normalement viennent en été. En face du village, il y a le rocher Burjan, qui, à ce qu’on dit, est le Rocher du Chaman où il fait les rituels dans une grotte, au milieu de ce qu’ils appellent l’Image du Vieux Baïkal, couché, à cause de la forme du rocher.

Toutes les maisons sont en bois et l’apparence des villages est de total abandon. Ce qui est bizarre dans chaque maison est que toutes les fenêtres et portes sont peintes et décorées d’une manière trop voyante, bleu ciel et blanc, rose, normalement des couleurs claires, mais rien à voir avec le bois.
Aucune maison n’a de toilettes intérieures, toutes les toilettes ressemblent à des niches pour les chiens avec un puits noir, sans lumière. Ce fut la première fois dans le voyage que nous avons utilisé nos lanternes frontales pour aller aux toilettes de nuit à 5 degrés en dessous de zéro.
Les personnes, comme elles sont clairement russes, ont une façon de communiquer entre elles assez brusque et la femme de notre logement voulait prendre soin de nous avec gentillesse, mais elle nous donnait l’impression de vouloir nous tuer chaque fois qu’elle nous offrait le petit-déjeuner ou une quelconque collaboration.
Neil est resté ailleurs, plus près du lac, nous, à 20 minutes de là-bas en marchant, mais quelque chose nous attire profondément en lui et nous savons que nous devons partager notre séjour avec lui.

Le lendemain tôt, un chauffeur de l’île, Anatolio, passerait nous chercher, un russe typique, avec son bonnet noir avec des oreillettes, un manteau style chasseur, moustaches à la mode de Staline, mais l’homme le plus aimable et aimant que nous ayons croisé sur l’île. On avait l’impression qu’il allait à un moment ou l’autre sortir son fusil et nous tirer dessus, mais il nous a même donné de sa nourriture et partagé des moments avec nous.
Beaucoup sur l’île se dédient à la pêche et, avec orgueil, il nous a montré ses dernières captures : il était clair que c’était tous des Omul, une espèce de poisson qui n’existe qu’au Baïkal et que nous avons mangé presque tous les jours.

Dans un russe par signes nous lui avons dit que nous voulions aller chercher Neil. Avec Diego, nous avons pensé que si Neil devait être avec nous, il ne serait pas compliqué de le trouver. Nous ne sommes pas plutôt arrivés à l’auberge qu’il est sorti par la porte. Tous trois surpris, nous lui avons demandé s’il voulait venir avec nous.
Il a accepté, très reconnaissant, ramassé ses affaires et il est parti avec nous.
Il y a très peu d’endroits à voir sur l’île, mais tous sont magiques.


Nous nous sommes arrêtés pour voir de petites îles sur le chemin, même si notre objectif était d’arriver jusqu’au Cap Joboy, la pointe nord de l’île, depuis où on peut voir se perdre dans l’horizon la partie la plus étendue du Baïkal.

Elena nous a dit qu’il serait aussi intéressant pour nous de connaître l’arbre le plus ancien de l’île : il a près de 500 ans et il est mort d’un fort coup de foudre qui l’a cassé. Et aussi intéressant : si nous pouvions voir un phoque du Lac, puisque ce sont les seuls phoques d’eau douce du monde, même s’il allait nous falloir beaucoup de chance pour les apercevoir, personne ne les voyant si facilement.

Nous avons dit à Neil que nous étions en train de faire un processus dans le monde pour ancrer la conscience de milliers de personnes dans nos pas et que Baïkal avait été depuis le début un lieu incontournable. Nous lui avons raconté nos découvertes sur Xian, Bali, le Japon et l’Australie, et que maintenant nous essayons de découvrir ce qui nous amène à Baïkal.

Nous lui avons dit qu’en arrivant dans les lieux, nous méditions pour nous connecter avec l’énergie du lieu et recevoir des réponses et des indications et qu’il serait bon de pouvoir le faire ensemble.

Il nous a demandé quelle technique de méditation nous utilisions. Et nous avons ri. Nous lui avons expliqué que notre méthode était de « nous laisser porter » et qu’il était invité à « se laisser porter » avec nous : ce que tu sens que tu dois faire, c’est ce que tu dois faire.



VIDEO DANS LA VOITURE MOMENT AMUSANT





Les antipodes qui nous attirent

A l’un des points où nous nous sommes arrêtés, tous les trois nous avons pris un chemin  par le versant d’une colline entre de grands rochers, où il y avait au milieu un arbre. L’arbre, comme beaucoup d’autres en plus de quelques poteaux, était plein de rubans attachés à ses branches qui ondoyaient avec le vent frais.
Ces rubans sont une tradition chamanique, dans laquelle il est dit que les désirs et pétitions doivent se noter dans un ruban et être attachés à un poteau ou un arbre. De cette façon, le vent entraîne les mots et les élève au ciel, où les dieux lisent les demandes et décident s’il convient de les réaliser ou non.



VIDEOS EXPLICATION SUR LES RUBANS BOURIATES



C’est, sous cet arbre, que nous avons fait chanter pour la première fois notre bol népalais.

Chacun s’est assis où il l’a senti à son propre rythme et nous nous sommes alignés avec l’énergie du lieu. Nous avons continué notre chemin vers le nord, pendant que nous expliquions à Neil notre découverte au sujet des antipodes et comment nous avions relié cette histoire avec notre rencontre.
Si le territoire où nous nous rencontrions était l’opposé d’un territoire qui fut la base d’un conflit dans l’année 1982 dans le sud de l’Argentine, justement à cause d’une confrontation avec l’Angleterre pour le contrôle des Iles Malouines, il ne s’agissait pas d’un hasard que de l’autre côté du monde, nous nous soyons rencontrés, deux argentins et un anglais, pour faire une activation de la conscience de guérison dans la partie obscure du territoire sud-américain.

Les pieds du Monde, comme on nous l‘avait dit à Fuerteventura, Les yeux du monde. Là-bas, nous avions vu que la Terre de Feu est la province qui représente le pied de la Mère, tout comme Santa Cruz part des jambes jusqu’aux genoux… marcher. Et « le » marcher, avancer était douloureux pour plusieurs raisons. Il y a des siècles, à cause de la conquête, il y a 200 ans, à cause du mépris des gouverneurs de cette terre, mais la douleur la plus proche, a été, pour ceux qui ne sauraient pas ce qui s’est passé, la dernière gifle infligée par un gouvernement dictatorial de la milice argentine qui, se voyant mis en déroute par son propre poids et incrédulité, avait cru récupérer sa bravoure et son pouvoir en commençant une guerre contre un pays à plus de 18 mil km de distance, pour une terre pour laquelle jamais de toute notre histoire nous ne nous étions préoccupés : les îles Malouines. 

Energétiquement, les deux îles représentent, face au pays, deux œufs ou deux fœtus que la Mère n’est pas encore prête à couver ou à mener à terme. Les deux sont en face de ses jambes et pieds, ce qui implique qu’ils sont dans le chemin de son futur. Mais la Nation argentine avait voulu obtenir et contrôler quelque chose qui ne lui appartenait pas, en même temps que l’Angleterre possédait ces terres, sans qu’elles ne soient à elle. Comme n’importe quel fils ou fruit n’appartient à personne, mais à tous.
En y réfléchissant depuis une perspective globale, si le territoire sud de l’Amérique du Sud représente géographiquement la Mère Gestatrice d’une nouvelle conscience, ce qu’elle  est en train de générer a été déprécié et contrôlé, désiré la plupart du temps d’une manière incohérente, avec l’envie de posséder et tout ça s’est transformé, depuis les années 80, en un karma pour le territoire. La Mère ne peut pas marcher, parce qu’en sa partie la plus sombre, il ne le lui est pas permis à cause de son désir de contrôler ceux qui représentent dans une certaine mesure sa progéniture…
Que faisions nous donc, deux argentins et un anglais, en Sibérie, réunis et parlant des Malouines… ?
Neil justement était pédiatre et ce que nous essayions de guérir c’était justement ça, les enfants que cette terre allait générer.
Il peut sembler à beaucoup de pays que cette histoire n’ait pas de rapport avec eux, mais si nous regardons de nouveau sans limites, sans gouvernements, sans histoires nationales, ni conflits entre elles, la géographie est partagée avec tous, et, par conséquent, l’histoire qu’elle raconte, aussi.

Pour ceux qui depuis longtemps suivons le Chemin de Harwitum, nous pouvons prendre en compte que l’Argentine est la Gestatrice de quelque chose que nous voulons provoquer tous ensemble, sans donner d’importance à na nation, sans le Chili nous ne pourrions pas le faire, et sans la Bolivie nous n’aurions pas l’esprit pour le mener au but, sans le Brésil nous n’en aurions pas la force, et ainsi chaque région offre sa partie à cette conception de la terre et de l’humain de cette nouvelle conscience.
 C’est pour ça qu’un karma dans les Mollets et les Pieds de la Mère pour avoir voulu contrôler ses futurs enfants, est un problème plus grand qu’entre deux nations. Si nous ne déverrouillons pas une partie, le reste ne se déverrouille pas.



En unissant des terres entre frères

Nous avons compris, à ce moment, que l’Univers avait formé un étrange scénario dans lequel, depuis l’autre bout du monde, dans la partie « obscure », c’est-à-dire à l’opposé de cette Amérique du sud patagonique, un anglais en conscience donnerait la main à un argentin en conscience et qu’ensemble nous ferions un procès dont nous extrairions une partie de cette force prise dans l’obscurité, pour donner le jour à un  message différent sur ce que représentent les Malouines.
 La cérémonie fut comme nous l’avions dit à Neil : fluide et chacun ferait ce qu’il sentirait.
Nous avons fait chanter le bol et les trois nous nous sommes connectés avec nous-mêmes en même temps, au bord du cap Joboy en face du Baïkal blanc, alignant notre fréquence avec celle du lac et notre conscience traversant le monde jusqu’au côté opposé, où nous nous connecterions avec la fréquence du sud de l’Argentine et du Chili.

Nous avons expliqué à Neil que le Chili, notre nation-sœur et notre soutien énergétique, a impliqué aussi une douleur dans les années 80, pour avoir aidé l’Angleterre en octroyant des bases d’atterrissage et de ravitaillement durant la guerre. Juste dans ce territoire où nous étions et jusqu’à l’horizon montagneux dans lequel notre vue se perdait, tout comprenait les mêmes terres du Chili, de l’Argentine et des îles pour lesquelles l’univers nous avait amené là.

A ce moment, Diego a fait deux petits monticules de terre dans lesquels nous avons déposé la conscience de Solitude et Grande Malouine. Autour d’eux, il a placé 7 pierres qui représentaient les karmas des îles.
Pendant que nous méditions, les trois nous les avons prises une à une, en la montrant au Baïkal et en l’unissant aux autres.
Moi, je faisais le juge, sans l’avoir pensé avant, recevant les pierres que tous deux me donnaient et les plaçant dans le bol. Là, je les ai fait chanter et les pierres ont vibré en émettant un son métallique horrible pendant que le son en spirale élevait cette fréquence négative.

Notre conscience a été mise dans ces pierres représentant les douleurs du territoire à 12h de différence, comme symbole de ce qui commençait à se nettoyer.

Il suffisait seulement de diffuser ce fait pour que la conscience s’expanse et que la toile de milliers commence à guérir réellement le lien karmique de la douleur des pieds de la Mère.
A la fin, Neil et Diego se sont donnés la main fortement sur la terre qui représentait les îles, encore en méditation, soutenant toute l’énergie du son et ce qui avait été fait, comme un pacte d’union sur le territoire qui représente l’opposé de la Patagonie.
Les deux ont pris  de la terre et partagé chacun un peu. Diego a dit à Neil qu’une partie de cette terre devait être éparpillée en Angleterre, pendant que nous ferions de même en arrivant en Argentine.
L’intéressant de notre réunion a été que là-bas, dans le Plexus le plus sacré et pur, dans la Sibérie Russe, les énergies du Cœur et des Yeux du Monde se sont unies pour concevoir la Couronne.
Il était nécessaire que le Cœur puisse voir avec nos Yeux et que notre regard se tourne depuis le Cœur, seulement ainsi nous reconnaîtrons notre Vérité intérieure et nous pourrons activer notre conscience planétaire au maximum. Tout ceci fut vu en une seconde et le signe fut grandiose : au loin face au Cap, durant tout le temps que nous avons médité, trois mouettes volaient en cercles sur la glace, mais plus encore, fascinés,  nous avons vu comment un petit groupe de Phoques se reposait sur la glace.

Nous avons mis chacun un ruban, avec notre souhait écrit dessus, sur le poteau au bout de l’île et nous avons dit au revoir, reconnaissants.

…Amazing… (surprenant)

VIDEO DE LA MEDITATION


Les arbres qui ont parlé

Notre chauffeur cherchait cet arbre millénaire, mais n’arrivait pas à le trouver. Durant le chemin de retour, nous avons traversé un bois épais, sans feuilles, et il a freiné face à un arbre qui avait été cassé par la foudre et étrangement la partie supérieure s’était introduite dans la partie inférieure. Il a dit que possiblement c’était celui-ci.
Je l’ai caressé, nous l’avons entouré, mais ça ne s’est pas senti comme tel. De toutes façons, nous avons commencé à marcher dans le bois, et soudain un bruit a attiré mon attention. Je me suis rappelé que Sabri nous avait raconté qu’en Argentine les arbres avaient commencé à lui parler avec d’étranges sons qui venaient de son intérieur. J’ai pu sentir la même chose et nous nous sommes approchés d’eux. Après je n’ai plus entendu et quand je me suis vu entouré d’un cercle de pins hauts… mes jambes ont commencé à devenir très lourdes. Je suis tombé à genoux et suis entré soudainement dans un étrange état de méditation.
Rapidement, j’ai entendu sans parole l’énergie de ce que les arbres étaient en train de nous transmettre :

« Le Vieux Sage est déjà parti, aujourd’hui c’est nous qui maintenons son message.

Le Vieux sait que cette île est un moteur, c’est une roue qui régénère l’énergie du
monde et vous devez la faire tourner.
Pour continuer dans le chemin, vos corps doivent maintenir la fermeté, force et
souplesse d’un arbre, mais vous ne pourrez pas y arriver si vous ne prenez pas le temps de
le faire…
Sois un  arbre… »

Je me suis rappelé ce que je disais toujours dans les ateliers et je me suis demandé : est-ce que je le faisais vraiment moi ? Est-ce que je suivais mon propre conseil ?
Quelque chose m’enleva les pensées et soudain, j’ai senti, j’ai pu perdre la notion du temps et dans cet énorme silence sibérien, nous avons été arbres pendant un bon moment. Diego et Neil étaient, tout comme moi, éparpillés dans le bois, couchés, connectés avec les arbres, chacun à sa façon, mais en harmonie, silence et en réseau.

Les arbres nous soutenaient. Au réveil, j’ai senti :

« Un message du Vieux Sage :
une pierre vous attend à Burjan,
cette pierre a l’énergie de Baïkal,
de transformer et de purger le monde.
Elle doit partir avec vous vers le prochain pas. »

J’ai compris que cette pierre était destinée à être lancée dans le détroit d’Hormuz comme un foyer de projection. Peut-être qu’en arrivant là-bas, nous la trouverions.

En nous réveillant, nous avons tous senti un grand besoin d’embrasser profondément les arbres. Pendant que nous le faisions chacun de notre côté, tous nous avons été surpris : notre chauffeur, avec un grand sourire, était aussi en train d’embrasser un énorme arbre avec tout son être.

VIDEO AVEC LES ARBRES


 La Grotte du Chaman

Arrivés à Burjan, ce beau et impressionnant rocher, nous avons marché les trois sur la glace tout autour. Elena nous avait parlé d’une grotte, où le chaman réalisait ses rituels et sautant entre glace et rochers nous avons pu la trouver. Nous nous sommes assis là un moment et, pendant que le bol chantait, les trois nous avons médité dans ce lieu si sacré par tant de milliers d’années et, parmi tant de pierres, parterre, j’ai pu voir la Roche qui partirait avec nous. Elle brillait par endroits et elle se distinguait des autres. Je l’ai prise et l’ai approchée du bol que Diego faisait chanter et, en l’honorant et en remerciant Burjan, nous avons gardé cette pierre qui serait remise là où l’énergie devait se transformer.
Nous avons pris congé du soleil de la manière la plus unique jamais pensée pour nous : sur la glace, en nous avançant dans le lac Baïkal, près d’une énorme crevasse dans laquelle le soleil se reflétait de la manière la plus belle que nous ayons jamais vue.
Le jour suivant, nous nous retrouverions avec Neil, car il était temps de remettre la Clé au Vieux Baïkal.


La Clé la plus froide de toutes : la Clé Anglaise

A 9h du matin, nous sommes passés chercher Neil à son auberge, qui est à quelques mètres de la côte, et nous sommes partis les trois marchant à travers la glace glissante. Ses pas effrayés nous ont de nouveau fait penser à Mr. Bean. Le trajet a été très amusant, car Neil s’arrêtait tous les 5 pas. Moi, j’avais déjà marché quelques 150 mètres en avant, cherchant une ouverture dans la glace où déposer la clé.

Au milieu, Diego a glissé et est tombé avec la caméra dans la glace, suite à quoi Neil a marché chaque fois plus lentement.

Quand j’ai rejoint Diego près de la fissure, je me suis approché pour voir la profondeur et soudain la peur a couru sur tout mon corps : sous mes pieds la glace a commencé à s’enfoncer ! Cette couche s’était formée la nuit précédente et elle était fine et pas du tout ferme. Je me suis lancé de côté sur la glace à l’arrière et en glissant j’ai pu échapper à la glace fendue.
Nous avons commencé à rire, mais mes pieds sont restés très bien marqués dans la glace… Devant le fait accompli, Neil s’est arrêté une centaine de mètres en arrière en disant : « I’m OK here ! »


VIDEO UN PEU D’HUMOUR ANGLAIS



Quand nous avons réussi à le convaincre de s’approcher de la partie ferme de la fissure, nous nous sommes préparés à appeler les élémentaux et à réveiller le Grand Baïkal et Burjan avec le bol. J’ai traversé la fissure et me suis chargé des sons. Nous avons appelé les 4 point cardinaux, le ciel et la terre, pendant que Diego et Neil méditaient concentrés dans la clé et dans la gratitude pour le lieu.


Nous avons expliqué à Neil que nous étions en train de connecter la conscience du monde et les lieux sacrés à travers de petites clés en Cuivre, puisque chaque endroit que nous avons visité est une porte et qu’elle avait besoin de sa clé. Je lui ai expliqué là-bas que la clé est un symbole qui permet que simplement en le voyant, nous soyons tous connectés en même temps avec tous les lieux sacrés dans lesquels nous en avons mis une. Les clés sont à tous, c’est pourquoi nous nous sommes engagés à les remettre pour tous, mais nous nous étions dit que dans les moments où nous saurions que quelqu’un d’autre unissait sa conscience au chemin, ce quelqu’un serait celui qui remettrait la conscience, Diego a donc offert la clé à Neil.
Avec un grand sourire et honoré, en complète méditation et respect, Neil s’est approché de la fissure, et suavement a laissé tomber la clé, laquelle a disparu en tombant en spirale.
Nous avons honoré les êtres qui nous entouraient et nous avons dit au revoir les trois ensembles au Baïkal.




VIDEO REMISE 1O° CLE
(Là où il est indiqué cc dans la vidéo vous pouvez activer les sous-titres)


Nous avons quitté Neil en l’embrassant, avec l’espoir de nous retrouver en Angleterre ou sur le Chemin de Compostelle.
Nous sommes certains que nous avons compris maintenant tous les trois pourquoi nous avions voyagé vers le Baïkal, le seul lac qui jamais ne vieillit.
















VIDEO BLOOPER DANS LE LAC

VIDEO AMUSANTE MOMENTS A OLJON

 Valentin, le Chaman

Cette fois, notre sortie de l’île fut plus glamour. Diego et moi étions seuls et la glace cette fois avait bien fondu, malgré qu’une seule journée se soit écoulée. Un bateau glisseur est donc venu nous chercher, un truc incroyable qui se déplace dans la glace et dans l’eau.
De l’autre côté, Elena nous attendait et, sur la voiture, le Chaman. Notre surprise a été grande en le voyant. Il y a des mois, nous avions cherché de l’information sur les chamans de l’île et ce que nous avions trouvé concernait un chaman bouriate qui avait six doigts, Valentin. C’était incroyable d’avoir maintenant devant nous Valentin.

Lui était disposé à faire des cérémonies dans les lieux sacrés. Nous, nous ne voulions que lui poser quelques questions, mais nous nous sommes réjouis de voir que nous étions en train de recevoir beaucoup plus.
Valentin est un grand défenseur du peuple et des traditions bouriates. Quand les Cosaques sont arrivés, eux ont été mis dans un lieu très éloigné, et à ce jour ils ne sont pas reconnus par l’Etat.
La culture chamanique est très importante dans la région sibérienne du Baïkal, même si elle partage son espace avec les hindouistes et les bouddhistes en provenance de Mongolie, et avec des Orthodoxes en provenance de Russie.

Il nous a exprimé sa douleur et son indignation pour le manque de respect que les Russes ont pour ses traditions et lieux sacrés. Il nous a dit que dans les écoles on a arrêté d’enseigner la langue bouriate pour la remplacer par l’anglais et que, comme eux ne possèdent aucune église ni temple, de ce fait leurs centres de culte sont des lieux naturels dont les gens ne prennent pas soin.
Ce fut lui qui réussit à récupérer les anciens jeux qui se réalisaient périodiquement autour de la montagne sacrée iord, et pour cette raison il lui était octroyé des décorations du peuple. Il lutte beaucoup pour les droits du peuple et les traditions.
Parler avec lui nous prouve une fois de plus comment les nouvelles racontent seulement ce qui les intéresse, sensationnalisme. Parce qu’ils ne parlaient que des rituels et de ses six doigts, mais jamais de ce qu’était réellement sa tradition et son message.
La tradition disait qu’un chaman devait avoir quelque chose d’étrange dans son corps pour s’appeler chaman, dans son cas, il avait un doigt de plus, ce qui le rendait important dans sa culture, raison pour laquelle il est devenu chaman.
L’intéressant a été quand il a commenté : « Ils disent que pour être un bon chaman, il vaut mieux être né avec un os de plus, superposé à un autre. »

Diego lui a dit que sa famille maternelle a certaines racines chamaniques et qu’en plus, lui, a un os de plus. Diego a montré au chaman que dans sa poitrine, à hauteur du cœur il avait un os de plus, sur une côte. Ca a mis le chaman de bonne humeur et il lui a dit que s’il voulait apprendre comment être un chaman, il serait disposé à ce qu’il reste pour lui enseigner. Le chaman était très content de voir que Diego avait un des symboles que sa culture considère important, ce qui l’a ouvert plus à nous.




La première Chamane : une femme

Valentin voulait nous emmener dans trois lieux, mais le premier était obligatoire.
Au milieu d’une plaine entre des montagnes, nous nous sommes arrêtés dans la clairière et là-bas il y avait un rocher lisse qu’on pouvait voir bien blanc au centre. Quand nous nous sommes approchés, nous avons vu clairement qu’il s’agissait d’un phallus de marbre de moins d’un mètre de hauteur. Il dit que cet endroit était comme un portail pour sa culture, un symbole de fertilité. Je me suis rappelé qu’à Rome, en Grèce et dans beaucoup d’autres cultures, ils avaient aussi des sculptures phalliques de marbre à l’entrée de leurs villages, comme symbole de contrôle du territoire, quelque chose qui annonçait à l’ennemi : ici nous sommes vaillants, attention.

Valentin a joué du tambour pour la pierre taillée et il a répandu du lait sur sa surface. Selon les bouriates, la partie la plus pure du corps et le doigt annulaire, et l’aliment le plus pur est le lait, c’est pourquoi pour demander fertilité et permission, nous devions tous arroser le phallus de lait avec notre annulaire. Il a dit quelques mots dans un autre idiome et, avant de continuer, nous a expliqué qu’aussi loin qu’on s’en souvienne  ce phallus a été là-bas. Ce ne furent pas les Bouriates qui le mirent, et personne ne sait qui le fit, ils savent seulement que c’est quelque chose de très sacré et ils le respectent comme tel.

Nous avons continué quelques kilomètres plus loin dans les montagnes et le chaman a dit au chauffeur de s’arrêter.
Il nous a parlé et Elena a traduit. Il nous a dit que dans ce lieu jamais il n’emmène personne, mais comme il est étrange que deux argentins si jeunes viennent de si loin pour la conscience jusque là, il avait décidé de nous y emmener.

Quand nous sommes arrivés, ce fut stupéfiant : des Peintures Rupestres. Ces peintures racontaient une histoire que Valentin nous a racontée plus ou moins comme ça :

« Au commencement, l’homme était comme un autre animal, il avait du poil sur tout le corps, des crocs, des griffes et il vivait avec les autres animaux. Avant, la Sibérie était similaire à l’Afrique, avec des éléphants, rhinocéros, tigres… mais il y eut un temps où l’homme se fatigua d’être ainsi. Il se plaint aux dieux dans le ciel, parce qu’il s’ennuyait sur la Terre et un des dieux se fâcha parce qu’ils ne respectaient pas les temps, alors ce dieu ôta à l’homme tout ce qu’il avait : les griffes, les crocs, les poils et il le laissa comme il est aujourd’hui.
Les premiers hommes que se créèrent ainsi ne venaient pas d’Afrique, mais d’Asie, et dans l’est, 55 dieux firent descendre le nouvel homme par un pont d’Arc-en-Ciel. Le premier se créa avec de l’argile et il fut différent des animaux.

L’élan fut l’animal qui se plaignit aux dieux, en leur demandant pourquoi il avait été donné l’intelligence à l’homme, puisque maintenant ils allaient tous les tuer. Mais les dieux ne firent pas attention à l’élan et l’homme commença à tuer.
Un de ces 55 dieux voulut offrir une partie de ses pouvoirs aux hommes, pour qu’ils puissent rester connecter avec l’Univers. Il se changea en aigle et vola sur la terre, jusqu’à ce qu’il voit quelqu’un couché en train de se reposer et il s’approcha. Cet humain était une femme et ce fut à elle à qui il fut donné toutes les connaissances des dieux sur terre.
Ainsi commença le matriarcat dans le monde. Pendant qu’il nous montrait les peintures, il nous racontait l’histoire en nous montrant clairement l’élan, l’homme sauvage et la femme chamane devant l’aigle. Il disait que cette peinture était de l’époque du matriarcat.
Le matriarcat dura beaucoup de temps, jusqu’à ce qu’un jour, la femme se fatigua de gouverner et donna une partie de son pouvoir à un homme et c’est ainsi que commença l’époque du patriarcat. Aujourd’hui, l’homme continue à gouverner et c’est pour ça qu’il tue tout autour de lui.


Cette histoire entrait vraiment en résonance avec tout ce que nous étions en train de parler. La Femme comme première connecteuse entre le ciel et la terre, le matriarcat, le pont de l’Arc-en-Ciel, tout reprenait sens une fois de plus en Sibérie.
Il nous dit que le chamanisme était né de la femme comme une manière de se connaître soi-même et que le chamanisme existe partout dans le monde, puisque ses dieux sont les mêmes partout.

Son explication fut : les religions naissent dans un lieu et s’expansent en apportant ou en imposant une croyance de quelque chose que s’est passé dans un lieu concret, avec des personnes concrètes, en adorant des personnes que beaucoup ne connaissent pas.

Mais le chamanisme ne fait pas ça, le chamanisme honore tout ce que nous partageons ensemble : Est-ce qu’il y a des montagnes en Argentine ? demanda-t-il. Est-ce qu’il y a des rivières, des arbres, des lacs en Argentine ? Nous demanda-t-il.
Oui, lui avons-nous répondu. Alors autant là-bas qu’ici nous pouvons adorer les dieux, parce que ce sont les mêmes. Et les seuls qui nous ont donné la vie, ce sont nos parents.
Il nous montra que sur sa poitrine, comme les chrétiens portent la croix, eux portent un médaillon avec les photos de leur père et mère humains.
« Ce sont eux qui nous ont donné la vie, c’est donc eux qu’il faut honorer. »
Il nous a raconté qu’il y avait un an, des chamans d’Amérique latine étaient venus lui rendre visite ; du Mexique et du Pérou ils se sont réunis à Baïkal pour partager leur histoire.

Le chamanisme honore la vie et la forme de se connecter soi-même avec la vie, plus qu’une religion il s’agit d’une forme de vie. Cette forme de vie est née en Sibérie, il y a des milliers d’années, et elle s’est déplacée aux Amériques par le détroit de Béring. On pourrait dire que nous étions devant les pères de toutes les cultures chamaniques que nous possédons en Amérique.
Ceci était assez curieux, parce que reconnaître que les cultures ancestrales de notre Amérique, l’essence spirituelle des terres que nous possédons, étaient nées depuis le Baïkal, c’était quelque chose d’important à reconnaître. Ce lieu était très Sacré.

Nous avons continué notre route vers la montagne sacrée de Iord. L’intérêt de cette montagne réside dans ce qu’elle ressemble plus à un monticule de pierres et terre qu’à une montagne élevée… Elle est au milieu d’une petite vallée et en regardant autour, avec Diego nous partagions la même émotion. Nous nous sentions comme en Nouvelle Zélande. Ce que nous voyions n’étaient pas de simples collines, mais des ruines datant de millénaires. Iord, en réalité, paraissait être une espèce de pyramide de Xian, mais petite et faite en pierres. Pour une raison ou l’autre, elle a été sacrée durant des milliers d’années, bien que ce ne soit pas frappant.
Nous nous sommes assis là-bas et il s’est disposé à faire une cérémonie… la meilleure cérémonie. La seule chose que nous avons faite et de nous asseoir sur le versant de la montagne et de faire chanter ensemble le bol. Nous nous sommes relaxés et nous avons médité chacun à son bon moment. En silence, les trois nous étions en connexion avec le lieu, de temps en temps nous avons fait chanter le bol, mais je me suis de nouveau senti arbre.
Ensuite, il a respiré profondément et il a joué le tambour chamanique. Quand il s’est arrêté, il nous a dit : Quelles questions aviez-vous à me poser ?


Nous avons parlé de plusieurs choses, entre autres, il nous a raconté que pour les Bouriates et les Mongoles, le renommé Chingis Khan avait été très important et continuait à l’être. Nous l’avons remarqué, puisqu’il avait mis une statuette de celui-ci sur le rocher.
Nous pourrions dire que cet empereur Mongol se considérerait aujourd’hui comme une espère d’Hitler, quelqu’un qui voulait unir et mettre de l’ordre sur la terre, mais qui pour le faire avait généré un génocide sans précédent. Eux sont fiers que cet empereur avait réussi à étendre son empire jusqu’à la Bulgarie et la Turquie, l’Inde, la Sibérie et le Japon, avec le Cambodge, ce qui fut donc un empire énorme dans lequel il a essayé d’apporter la plus grande paix.
Avec fierté, ils nous a aussi dit que l’empire Chinois était très fort, si bien qu’il ne devait se protéger d’aucune armée ni peuple, sauf d’un : le Mongol. C’est pour ça qu’ils ont construit la Grande Muraille, laquelle pour les Mongoles, plus qu’une merveille, est un déshonneur pour le peuple Chinois.

Là-bas, il nous a partagé sa vision de la réalité Bouriate et quelques histoires de ses origines. Ce fut intéressant de savoir qu’ils croient que des êtres d’autres mondes sont venus et qu’ils continuent par là, faisant des tours sur leurs navettes, mais qu’eux jamais ne les considèreraient comme des dieux. On ne peut pas voir les dieux et eux sont visibles.
Une histoire intéressante, qui complète la nôtre, est qu’il y avait des problèmes dans le Baïkal depuis très longtemps et beaucoup de gens tombaient malades. C’est pourquoi, les dieux décidèrent d’envoyer leurs fils à la Terre pour aider les humains ; il dit qu’eux descendirent et commencèrent à vivre parmi nous et qu’aujourd’hui encore ils continuent ici.

Toutes les histoires du Monde s’emboîtent les unes avec les autres, toutes les réalités, légendes, mythes, pensées, s’unissent chaque fois plus étroitement.
Il est presque impossible de douter d’où nous venons et où nous allons et comment se sont entrelacées nos histoires autour du monde et de la galaxie.


VIDEO AVEC VALENTIN VERS LA ZONE


Quel est le message d’un Chaman Bouriate au monde ?

Le message est simple,  c’est le même message que n’importe quelle religion, pensée, philosophie, croyance, mouvement social ou un parent peut nous donner :

« Nous sommes au bord d’un escalier tous les humains, il est temps de décider si nous descendons ou si nous continuons à monter. Pour continuer à monter, nous devons respecter les dieux de la nature, honorer nos ancêtres, nous aimer les uns les autres librement et ne pas désirer à l’autre ce que tu ne désires pas pour toi-même. Et surtout : être heureux et profiter de la vie. »

Avec l’envie de nous retrouver un jour, nous avons dit au revoir affectueusement à Valentin, qui content nous a chanté une chanson traditionnelle devant sa maison et nous a présenté sa fille.
Il nous a dit qu’il n’y a que deux choses dont on se rappelle dans l’histoire des personnes : la Sagesse et les Exploits et que nous étions en train d’accomplir les deux, en nous lançant dans le monde, en allant aussi loin de notre maison pour montrer au monde depuis des lieux inhospitaliers la réalité de la conscience et l’histoire humaine pour nous souvenir de qui nous sommes.
Il nous a dit qu’il nous en était reconnaissant et qu’il s’en souviendrait.
Avec ces mots d’encouragement du chaman, nous avons continué notre chemin vers Irkoutsk, où nous préparerions nos affaires pour nous diriger vers le nœud où un nouveau chemin surgirait dans Harwitum : le Détroit d’Hormuz.



MERCI A VOUS POUR NOUS LIRE ET POUR NOUS ACCOMPAGNER TOUT LE TEMPS

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